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Quelle place faire aux savoirs dans l’enseignement de la philosophie ?

Les textes ci-dessous sont issus des Journées d’étude de l’ACIREPh des 24 et 25 octobre 2002 consacrées au 6ème chantier de l’ACIREPh : Articuler l’apprentissage philosophique et les savoirs ; ces textes sont également rassemblés, pour l’essentiel, dans l’ouvrage coordonné par Serge Cospérec et Jean-Jacques Rosat : Les Connaissances et la Pensée, éd. Bréal 2003.

jeudi 1er janvier 2004, par Acireph

PRÉSENTATION GÉNÉRALE 

La philosophie au lycée passe pour une discipline « pas comme les autres » : on n’y apprendrait pas tant des connaissances qu’à « penser par soi-même » et à développer son esprit critique. Mais depuis une trentaine d’années, cette spécificité traditionnelle s’est exacerbée à outrance : on n’en vient aujourd’hui a refusé que les programmes puissent définir une culture philosophique élémentaire - ses connaissances que les élèves doivent pourtant bien acquérir comme basent de leurs réflexions ! À force d’avoir peur des « questions de cours », on finit par encourager les acrobaties rhétoriques et le bavardage sans contenu. Et quand les savoirs indispensables ne sont pas explicitement saignés par l’école, on favorise une fois de plus ceux qui ont eu la chance de les acquérir ailleurs. Si l’on veut un enseignement de la philosophie plus formateur et plus démocratique qu’aujourd’hui, on ne saurait éluder cette question : quelle place doit-il faire reconnaissance ? Ou grandes idées philosophie classique et contemporaines, bien sûr. Mais aussi aux sciences et à toutes les formes de savoir dont la philosophie n’a jamais cessé de se nourrir. 

Le cours de philo et les savoirs, par Serge Cospérec

La question des connaissances dans le cours de philosophie, par Serge Cospérec et Jean-Jacques Rosat

6ème Chantier, Manifeste pour l’enseignement de la philosophie 

CONNAÎTRE LA PHILOSOPHIE 

Qu’est-ce que les élèves doivent au juste savoir de la philosophie pour être capable de penser philosophiquement ? L’interrogation porte d’abord sur la place de l’histoire de la philosophie dans un enseignement de philosophie générale : faut-il connaître les doctrines, les principales options philosophiques pour traiter un problème donné ? Est-ce que la philo, ça s’apprend aussi ? La confrontation avec la singularité du Cas italien et sa tradition d’enseignement fortement historiciste est ici stimulante. Mais c’est aussi la question des mots de la philosophie, du vocabulaire des philosophes : là encore, les élèves n’ont-ils pas à comprendre et à apprendre, à assimiler et à maîtriser “ ces pinces pour saisir le réel ” que sont les concepts ? Il s’agit enfin des connaissance de logique et d’argumentation : ici, la tradition philosophique est d’une très grande richesse ; ne peut-on en tirer parti pour la formation des élèves ? Celle-ci ne devrait-elle pas inclure un apprentissage élémentaire de l’analyse et du raisonnement logiques ? 

La philosophie, ça s’apprend aussi, par Jean-Jacques Rosat

Peut-on enseigner autre chose que l’histoire de la philosophie en cours de philo ? 
Le cas italien
, par Gérard Malkassian

Apprendre les mots de la pensée, Le vocabulaire philosophique est-il un savoir ? , par Cécile Victorri

La place de la logique et de l’argumentation dans le cours de philosophie , par Gérard Chomienne

CONNAÎTRE POUR PHILOSOPHER 

Nous partons ici d’un double constat : la philosophie s’appuie sur des savoirs qu’elle ne produit pas ; son enseignement, tout comme sa pratique, en présuppose l’assimilation, sinon la maîtrise. A travers des exemples précis, ceux de la Physique, de l’Ethologie et de la Psychanalyse, on interroge la place, la fonction et le rôle de ces savoirs dans le cours de philosophie, la manière d’articuler les savoirs positifs et l’apprentissage philosophique. L’article Notes pour une archéologie revient sur ce partage entre des savoirs qui ne penseraient pas (pour ainsi dire) et une philosophie qui penserait sans être un savoir, sur ce qu’un tel partage a de coûteux et de contestable, et sur ce qu’il a de ruineux pour l’enseignement de la philosophie — d’une philosophie devenue aveugle à sa propre positivité et à sa propre histoire. 

Quand la philosophie croise la physique, par Loïc de Kérimel

L’éthologie au secours du philosophe

Des usages de la psychanalyse dans le cours de philosophie, par Nicole Grataloup

Philosophie et savoirs : notes pour une archéologie, par Mathieu Potte-Bonneville

QUAND LES SCIENCES CHANGENT 

Philippe Descola, anthropologue, professeur au Collège de France, et Daniel Andler, professeur à Paris IV et directeur du département d’études cognitives à l’ENS-ULM, nous montrent, à partir d’une présentation des derniers états de la recherche dans leurs domaines respectifs, comment l’avancée des savoirs bouscule “ la carte des manières de penser ” et oblige le philosophe à repenser les questions traditionnelles jusque dans leur formulation conceptuelle ; leurs interventions permettent aussi de mesurer l’intérêt, pour un enseignement de philosophie, de discerner dans les travaux scientifiques contemporains tout ce qui peut être formateur et utile aux élèves. 

« NATURE/CULTURE » : un paradigme à relativiser, par Philippe Descola

Les sciences cognitives dans le cours de philosophie. l’exemple de « la conscience », par Daniel Andler

LES CONNAISSANCES DANS LA FORMATION ET LES CONCOURS  

L’intervention de Claudine Tiercelin, professeur à Paris XII et présidente des jurys des agrégations externe et interne de philosophie, montre combien il important, pour penser toutes ces questions, de réfléchir aussi, et d’abord peut-être, à la place des savoirs dans la formation des professeurs de philosophie et les concours, parce que c’est d’elle finalement que dépend largement la manière dont le professeur se rapportera, dans son enseignement, à toutes ces connaissances indispensables pour penser.

Quelle formation pour les professeurs de philosophie ?, par Claudine Tiercelin