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Le colloque des philosophes : une forme de débat oral en classe
Présentation de cette démarche intéressante issue des travaux du secteur philosophie du GFEN (Groupe français d’éducation nouvelle).
mercredi 3 février 2016, par
Cette démarche issue du GFEN est présentée par Nicole Grataloup dans un article de Côté Philo consultable ici.
Il est vivement conseillé d’en prendre connaissance avant de lire ce qui suit.
Après plusieurs années de pratique, force est de reconnaître que c’est un succès jamais démenti, en séries technologiques comme en générales. Lorsque les élèves ont à s’exprimer sur les formes de cours qui furent pour eux les plus formatrices, le colloque des philosophes arrive systématiquement en tête. Dans leurs copies, les philosophes qu’ils ont incarnés dans un colloque sont les mieux compris, les mieux restitués.
Il ne faut donc pas céder à l’impression d’une perte de temps. Même dans les séries où peu d’heures sont affectées à la philosophie, le colloque des philosophes est une démarche hautement rentable, non seulement en terme d’appropriation de la culture philosophique, mais surtout pour ce qui est de la compréhension des rapports entre les perspectives philosophiques, entre les différents sens que peut revêtir un concept, entre les diverses facettes d’un problème apparemment unique, etc. Le colloque prouve cette maxime rousseauiste : perdre du temps, c’est en gagner !
Quelques variations peuvent être imaginées par rapport à la démarche initialement présentée :
– La diversité des textes et des philosophes en présence doit bien sûr être adaptée à l’effectif de la classe. D’une manière générale, l’expérience montre que des groupes de 3, 4 élèves maximum travaillent efficacement, sensiblement moins au-delà. Aussi, dans les documents joints ci-dessous, on peut ajouter ou retirer des textes, selon les possibilités de la classe et les points de vue que l’on souhaite approfondir ensuite dans la reprise en cours.
– Pour guider les élèves pendant le travail de préparation en petits groupes, on peut distinguer plusieurs étapes : 1) reformulation de la thèse, 2) des arguments, 3) imagination d’exemples, 4) élaboration d’objections et de réponses par rapport à un « adversaire » que le prof leur indique et qu’ils doivent donc comprendre en plus de leur propre philosophe, 5) écriture collective d’un dialogue entre leur philosophe et leur adversaire. L’ensemble de cette phase préparatoire nécessite entre 2 et 4 heures.
– Le colloque des philosophes peut donner lieu à une note collective, par petit groupe, comprenant une prise en compte du sérieux de la préparation, une évaluation de la qualité de la prestation pendant le débat oral, et de la fidélité des arguments exprimés par rapport au philosophe que les portes-parole ont à incarner.
– Pour le débat oral en lui-même, on peut distinguer, au sein de chaque groupe, ceux qui joueront le rôle de porte-parole (qui incarneront effectivement leur philosophe) et ceux qui seront dans le public. Dans ce cas, le privilège du « public » est de pouvoir intervenir dans n’importe quel sens, y compris pour soutenir une position qui n’est pas celle du philosophe qu’ils ont travaillé. Mais les élèves du « public » restent obligés d’être attentifs aux arguments et de participer activement aux échanges (si l’exercice est noté, la note collective de chaque groupe comprendra la pertinence des interventions de ses membres appartenant au public, aussi bien que celles des portes-parole).
– Le débat oral peut être enregistré, puis retranscrit par le prof : cela permet aux élèves de conserver une trace de leurs propres interventions et des échanges d’une manière générale. Cette retranscription, très valorisante pour les élèves, permet une reprise active en classe où l’on peut insister sur les distinctions importantes, les objections pertinentes, etc.
Documents joints à cet article
* Les colloques proposés dans le manuel à destination des séries technologiques publié par Nicole Grataloup et Michel Vignard aux éditions Bréal en 2006 :
- Peut-on concevoir l’homme sans la culture ?
- Est-ce le même type de vérité qui est en jeu dans la science et dans la religion ?
- Quel est le sens et quelle est la valeur des droits de l’homme ?
* Les colloques proposés dans le supplément à ce manuel spécialement dédié à cette démarche :
- Que peut exprimer une œuvre d’art ?
- Le progrès technique menace-t-il de dénaturer l’homme ?
- Les croyances sont-elles nécessaires ?
- D’où nous vient le goût de la vérité ?
- La loi visent-elle à instaurer la justice sociale ?
- La vie en société permet-elle la liberté et le bonheur ?
* Des colloques construits ou reconstruits au fil des années :
- Notre volonté est-elle libre ?
- Les lois visent-elles à instaurer la justice ?
* Des exemples de retranscription du débat oral en classe