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Communiqué sur la nouvelle épreuve d’entretien avec le jury du CAPES de philosophie

lundi 27 juin 2022, par Acireph

La nouvelle formule du CAPES a été mise en œuvre cette année. Elle a notamment été marquée par l’introduction d’une nouvelle épreuve orale d’admission, dite d’entretien avec le jury, dont le format est commun non seulement à toutes les disciplines, mais aussi aux concours de recrutement des professeurs des écoles et des conseillers principaux d’éducation. Alors que les premiers retours des candidates et des candidats sont disponibles, il est possible de faire un premier bilan de cette innovation.

  • L’ACIREPh a toujours appelé à prendre au sérieux la dimension pratique et professionnelle des métiers de l’enseignement. En particulier, elle a toujours dénoncé la conception étroitement disciplinaire de la formation initiale et continue ainsi que des concours d’accès à l’enseignement. A cet égard, l’ACIREPh ne peut que se réjouir de la mise en place d’une épreuve exigeant des candidates et des candidats des connaissances juridiques, déontologiques et institutionnelles relatives aux contextes d’exercice des métiers de l’enseignement. Que cette épreuve soit commune à toutes les disciplines et plusieurs concours est par ailleurs susceptible de participer à la création d’une culture commune, au-delà des différences de corps et de disciplines. Seule l’agrégation, encore et toujours, brille par son splendide isolement.
  • L’ACIREPh regrette cependant que les critères de réussite et les attentes de cette épreuve restent si flous et ambigus. Nombre de candidates et de candidats ont été troublés par la structure de l’épreuve et n’avaient visiblement pas compris ce qui serait exigé d’eux. L’ACIREPh appelle donc à la publication d’un document de cadrage spécifiant des attentes précises en termes de connaissances et de déroulé de l’épreuve. L’ACIREPh considère qu’il est particulièrement important que les futures enseignantes et les futurs enseignants jouissent d’une culture juridique et d’une connaissance raisonnable des contextes d’exercice du métier. Ce n’est qu’à cette condition que cette épreuve pourra se révéler à la fois juste et exigeante. Ce n’est qu’à cette condition que les candidates et les candidats pourront la préparer avec sérieux.
  • Il semble que certains membres du jury aient profité de leur position pour dévoyer le sens de cette épreuve, la transformant en une sorte de discussion philosophique informelle. Si cela s’avérait être bel et bien le cas, l’ACIREPh ne pourrait que dénoncer avec la plus grande fermeté une telle attitude. Il n’y a clairement rien à voir entre réfléchir à l’attitude qu’il convient d’adopter face une jeune personne rapportant qu’une de ses amies est peut-être harcelée et une réflexion philosophique sur le statut du témoignage. En se livrant à un tel dévoiement, le jury enfreindrait les principes minimaux de l’équité face aux épreuves en s’arrogeant le droit d’évaluer et de sélectionner des candidates et des candidats sur la base d’un exercice qu’ils n’auraient pas pu préparer convenablement. Outre le fait qu’il montrerait une fois encore son incapacité à prendre au sérieux l’importance d’une formation réellement professionnelle à l’exercice du métier, l’ACIREPh ne peut que noter l’ironie qu’il y aurait à manquer à ce point de déontologie pour qui a la charge d’évaluer la correction du sens déontologique des candidates et des candidats.
  • Enfin, l’ACIREPh regrette que cette épreuve d’entretien avec le jury témoigne d’une conception excessivement étroite des mises en situation professionnelle. Les candidates et les candidats ont dû analyser des situations qui consistent presque exclusivement en incidents (harcèlement, questions déplacées, violences, etc.). S’il est essentiel pour une enseignante ou un enseignant de savoir comment réagir à ces situations et de connaître les droits, obligations et principes pertinents, pour autant le métier ne se résume pas à cela. L’ACIREPh ne peut qu’appeler de ses vœux que soit enfin réellement prise en compte la dimension pédagogique et didactique du métier. A cet égard, elle rappelle que le format de la première épreuve d’admission, dite épreuve de leçon, implique qu’une phase spécifique soit consacrée à « la conception et la présentation d’une séance d’enseignement » par les candidates et les candidats. Or, pour cette épreuve comme pour l’épreuve d’entretien, il semble que le jury s’arroge le droit de ne tenir aucun compte de ce cadrage national, en la réduisant à une explication de texte philosophique. L’ACIREPh rappelle depuis longtemps l’idée évidente pour quiconque qu’il ne suffit pas de savoir disserter ou expliquer un texte pour savoir enseigner.