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Communiqué sur la fermeture du CAPES interne pour la session 2018
lundi 18 septembre 2017, par
L’ACIREPh apprend la fermeture annoncée pour la session 2018 du CAPES interne en philosophie, en même temps que le maintien du même concours interne de recrutement pour l’enseignement privé, le CAER.
Il y a de quoi s’interroger sur les raisons qui ont présidé à une telle décision. Celle-ci intervient plusieurs mois après que le programme de cette session a été publié, lésant de fait de nombreux collègues, enseignants contractuels, qui avaient commencé leur préparation en vue du CAPES interne.
Les professeurs de philosophie contractuels sont de plus en plus nombreux (actuellement plus de 300 sur environ 5000 collègues). Dans les classes, ils réalisent le même travail que les enseignants titulaires, pour une rémunération très inférieure et dans des conditions de précarité liées au statut même de contractuel. Pour préparer les concours de recrutement, ils doivent conjuguer la charge de travail due à leurs cours et aux corrections de copies, avec un entraînement régulier et exigeant aux épreuves qui leur permettront d’être admis comme enseignants titulaires de la fonction publique.
L’ACIREPh s’est toujours montrée critique vis-à-vis de la formation initiale et continue des professeurs de philosophie, ainsi qu’à l’égard des concours qui leur permettent d’être recrutés. Ceux-ci, et tout particulièrement l’agrégation, sont conçus et vécus comme des “brevets d’excellence philosophique” et des moyens de continuer d’“être philosophe” plutôt que comme la voie d’entrée dans le métier de professeur de philosophie. Les épreuves privilégient simultanément la possession de connaissances très précises, voire pointues, d’histoire de la philosophie (auteurs de l’écrit à l’agrégation) et la capacité inévitablement rhétorique à traiter de toute question possible (oral d’agrégation). En témoigne, depuis la réforme des Masters, la préférence massive des étudiants qui se destinent aux concours pour les filières « Recherche », alors même que des filières « Enseignement » existent.
Une réflexion devrait ainsi être engagée pour que les concours permettent de sélectionner les futurs enseignants, non sur leur seule maîtrise théorique de la discipline, mais également sur leur formation pédagogique et didactique. En outre, sans une connaissance sérieuse et non mythologique de la tradition de l’enseignement philosophique, il est difficile de la faire vivre et évoluer, et de nourrir utilement le débat entre professeurs de philosophie. Il paraît donc nécessaire d’intégrer à la formation des nouveaux professeurs un enseignement de l’histoire de la discipline, en France et ailleurs.
De même la formation continue des enseignants de philosophie, dans le cadre des Plans Académiques de Formation, est presque exclusivement érudite et ne fait pour ainsi dire aucune place à l’échange sur les pratiques, à la réflexion sur les obstacles pédagogiques et à la mise en circulation des innovations.
En attendant, et bien que ces critiques demeurent pour nous essentielles, il est clair que le métier de professeur de philosophie mérite qu’on offre à ceux qui le pratiquent dans des conditions précaires de pouvoir s’y employer avec un véritable statut d’enseignant titulaire.
C’est pourquoi l’ACIREPh s’associe aux autres associations professionnelles ainsi qu’aux organisations syndicales pour dénoncer cette fermeture annoncée du CAPES interne pour la session 2018 et demande son rétablissement, avec un nombre suffisant de postes pour garantir les besoins des élèves et la qualité du service public d’éducation, au moment où le nombre de lycéens augmente.
Une lettre, commune aux organisations représentant les professeurs de philosophie (associations professionnelles et syndicats), a été envoyée au Ministre de l’éducation nationale.
Lien vers la page concernée sur le site du SNES.