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Communiqué sur l’épreuve de la spécialité Humanités, littérature, philosophie
dimanche 15 mai 2022, par
L’ACIREPh regrette les conditions dans lesquelles sont évalués les élèves suivant la spécialité « Humanité, littérature et philosophie » pour cette session 2022 du baccalauréat. Ni le choix des sujets, ni les conditions de correction, ne permettront d’évaluer sérieusement le travail accompli et les connaissances acquises par les élèves durant leur cursus au lycée.
1) Le texte de Ricoeur proposé dans le sujet 2 de l’épreuve d’HLP du 11 mai 2022 accumule deux défauts particulièrement dommageables à l’enseignement de la philosophie et à l’image que s’en font les élèves :
– une langue ampoulée, des phrases sans logique explicite, un usage presque systématique de la parataxe, des formules allusives et floues. Autant d’éléments qui donneront à penser qu’une réflexion philosophique peut se passer d’argumentation rigoureuse et de conceptualisation précise, qu’elle ne peut consister qu’en un bavardage sur lequel les élèves auront eux-mêmes à bavarder, essayant des rapprochements plus ou moins pertinents avec les connaissances qu’ils auront apprises.
– une langue difficilement accessible pour les élèves qui n’ont pas le capital culturel adéquat, avec seulement deux notes de vocabulaire. Des expressions telles que « il n’est que de regarder », « prospecte », « physiologie », « omet », « s’auréolant », ne font pourtant pas partie du vocabulaire spontané du bachelier moyen et auraient mérité des notes de vocabulaire. Autant d’éléments qui donneront à penser qu’en philosophie, finalement, l’utilisation d’un certain registre de langue importe davantage que la clarté et la précision des arguments et que cette discipline exige des compétences socialement discriminantes.
La différence de difficulté entre ce texte de Ricoeur et le texte de Rousseau proposé dans le sujet 1 de l’épreuve du 12 mai 2022 vient mettre en cause l’égalité de traitement due aux candidats.
L’ACIREPh s’interroge sur les finalités de la spécialité HLP : s’agit-il d’évaluer les capacités des élèves à bavarder sur n’importe quel sujet, sans avoir de connaissances solides à mobiliser ni de savoir-faire précis à mettre en œuvre ? Ou bien souhaite-t-on réellement former les élèves en leur offrant des connaissances et des savoir-faire (conceptualiser de façon précise, savoir restituer et reconstruire la logique d’une argumentation) qu’il pourront effectivement valoriser le jour de l’épreuve ?
2) La diversité, voire la disparité, des conditions de correction de cette épreuve comptant pour un coefficient important dans la note finale de l’examen vient également mettre en cause l’égalité de traitement due aux candidats. Dans certaines académies (Rennes notamment), les réunions d’entente se sont tenues le 13 mai 2022 en l’absence de toute copie-test, pour des sujets réalisés deux jours plus tôt ; tandis que dans d’autres académies (Nantes notamment), des copies-test étaient envoyées dès le lendemain de l’épreuve aux correcteurs afin qu’ils puissent y adosser leurs travaux. À l’issue de ces réunions, aucun compte-rendu ni aucun point de repère pour l’évaluation des copies n’a été adressé aux correcteurs.
Enfin et surtout, des commissions composées de seulement quelques collègues et des IA-IPR se réuniront bien après la date de rentrée des notes, aux alentours du 10 juin 2022, afin d’« harmoniser » les notes attribuées par les correcteurs, selon des critères inconnus et dans une complète opacité, sans qu’aucun compte n’en soit rendu. L’ACIREPh dénonce à nouveau ces modalités de fonctionnement, qui reproduisent les errements de la session 2021 du baccalauréat, contre lesquels elle s’était déjà prononcée.