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Communiqué sur la baisse des postes aux concours
lundi 4 décembre 2017, par
L’ACIREPh a pris connaissance avec stupéfaction de la chute du nombre de postes ouverts aux concours du CAPES externe et de l’Agrégation externe de philosophie (-20%). Une baisse commune aux disciplines de l’enseignement secondaire.
La philosophie ne connaît pourtant aucune difficulté de recrutement. Elle fait partie des rares disciplines où tous les postes à ces concours sont pourvus, avec une sélectivité qui demeure très forte. Pis, la philosophie est depuis des années déjà en sous-effectifs, avec un recours aux collègues non-titulaires particulièrement élevé, concernant 7,1% des enseignants de l’enseignement public en philosophie en 2016/2017 contre 4,8% pour la moyenne des disciplines générales.
Dans un contexte d’essor démographique, tarir les recrutements ne peut que signifier une baisse de l’offre de formation en philosophie pour les élèves, dans le contexte de la réforme à venir du lycée, ou bien un recours accru aux enseignants contractuels.
Or, les professeurs de philosophie contractuels réalisent dans les classes le même travail que les enseignants titulaires, pour une rémunération très inférieure et dans des conditions de précarité liées au statut même de contractuel. Pour préparer les concours de recrutement, ils doivent conjuguer la charge de travail due à leurs cours et aux corrections de copies, avec un entraînement régulier et exigeant aux épreuves qui leur permettront d’être admis comme enseignants titulaires de la fonction publique.
L’ACIREPh s’est toujours montrée critique vis-à-vis de la formation initiale et continue des professeurs de philosophie, ainsi qu’à l’égard des concours qui leur permettent d’être recrutés. Ceux-ci, et tout particulièrement l’agrégation, sont conçus et vécus comme des “brevets d’excellence philosophique” et des moyens de continuer d’“être philosophe” plutôt que comme la voie d’entrée dans le métier de professeur de philosophie. Les épreuves privilégient simultanément la possession de connaissances très précises, voire pointues, d’histoire de la philosophie (auteurs de l’écrit à l’agrégation) et la capacité inévitablement rhétorique à traiter de toute question possible (oral d’agrégation). En témoigne, depuis la réforme des Masters, la préférence massive des étudiants qui se destinent aux concours pour les filières « Recherche », alors même que des filières « Enseignement » existent.
Une réflexion devrait ainsi être engagée pour que les concours permettent de sélectionner les futurs enseignants, non sur leur seule maîtrise théorique de la discipline, mais également sur leur formation pédagogique et didactique. En outre, sans une connaissance sérieuse et non mythologique de la tradition de l’enseignement philosophique, il est difficile de la faire vivre et évoluer, et de nourrir utilement le débat entre professeurs de philosophie. Il paraît donc nécessaire d’intégrer à la formation des nouveaux professeurs un enseignement de l’histoire de la discipline, en France et ailleurs.
De même la formation continue des enseignants de philosophie, dans le cadre des Plans Académiques de Formation, est presque exclusivement érudite et ne fait pour ainsi dire aucune place à l’échange sur les pratiques, à la réflexion sur les obstacles pédagogiques et à la mise en circulation des innovations.
En attendant, et bien que ces critiques demeurent pour nous essentielles, il est clair que le métier de professeur de philosophie mérite qu’on offre à ceux qui le pratiquent dans des conditions précaires de pouvoir s’y employer avec un véritable statut d’enseignant titulaire.
L’ACIREPh demande donc urgemment au Ministère un rétablissement du nombre de postes offerts aux concours de philosophie à la hauteur des besoins des élèves.