Accueil > Journées d’étude > Journées d’étude 7 et 8 novembre 2024 : L’IA en classe : nouvel horizon (…)
Journées d’étude 7 et 8 novembre 2024 : L’IA en classe : nouvel horizon critique pour la philosophie ?
samedi 14 septembre 2024, par
Lycée d’État Jean Zay - 10 Rue du Dr Blanche, 75016 Paris
Les inscriptions sont désormais closes.
Depuis l’arrivée de ChatGPT nous ressentons les effets de l’IA sur notre métier. Nous voulons éviter de corriger des devoirs produits par une IA, quitte à nous résigner à n’évaluer que des travaux faits en classe. Nous sommes contraints à ce pis-aller, faute de temps et de moyens pour réfléchir collectivement aux transformations pédagogiques impliquées par une IA qui semble là pour rester. Comment éviter de subir ? Comment faire des choix éclairés concernant l’usage possible de ces IA ? Faut-il travailler contre l’IA ? sans elle ? Ou avec elle, mais comment et pourquoi faire ?
Mais l’IA modifie aussi certaines questions de philosophie. Quelle est la frontière entre l’humain et la machine ? Qu’est-ce au juste que l’« intelligence » ? Comment analyser les pratiques de pouvoir, les phénomènes de persuasion et de manipulation à l’époque de l’IA ? Le monde qui se prépare sera-t-il plus juste ou plus inégalitaire ?
Une culture technique, critique et en prise avec les questions les plus contemporaines, semble plus que jamais nécessaire aux élèves.
1. ChatGPT est-il intelligent ?
L’intelligence artificielle n’a-t-elle d’intelligence que le nom ou est-elle réellement intelligente ? Avec Deep Blue battant Kasparov aux échecs en 1996, puis AlphaGo écrasant un champion du monde de Go en 2017, l’orgueil naïf de l’humanité en a pris un coup. L’IA la surpassait dans des domaines où elle se croyait invincible par une machine. Puis, il y eut la « voiture autonome », et des robots capables de performances acrobatiques comme Atlas de Boston Dynamics. Qu’importe ! Le langage résistait, jusqu’à l’apparition d’IA génératives comme ChatGPT. Depuis, des agents conversationnels (chabots) peuplent le quotidien (Alexa, Siri, Gemini, etc.). Les nouvelles IA sont capables d’apprendre et de se perfectionner, toutes seules. Elles sont savantes et patientes. On leur écrit, on leur parle ; elles nous écoutent ou nous lisent, elles nous comprennent et nous donnent des conseils. Elles sortent victorieuses du test de Turing : une machine peut tromper un humain dans une conversation. Leurs performances sont étonnantes.
Langage, perfectibilité, savoir : la frontière entre l’humain et la machine est-elle en train de tomber ? Les IA ont-elles égalé, voire dépassé, l’intelligence humaine ? Sont-elles capables de raisonner, d’inventer, de prendre des décisions, comme un être humain ? Auraient-elles même des états mentaux ?
Sur toutes ces questions, les débats sont vivants. Un cours de philosophie gagnerait à les aborder. Seulement, nous sommes peu familiers du domaine de l’IA. Comment fonctionne exactement ChatGPT ? Pourquoi est-il si performant ? Comment expliquer ses failles ? Etc.
Ces questions seront discutées aux Journées de l’ACIREPh, notamment le 1er jour avec la conférence du linguiste et directeur de recherche au CNRS, Bernard Victorri, qui exposera les éléments du succès actuel de l’IA et nous présentera le fonctionnement des nouveaux modèles d’IA génératives, et la manière dont elles changent la donne.
2. L’IA menace-t-elle la justice ?
Les citoyen⋅ne⋅s ont conscience des dangers que la désinformation, la diffusion d’images truquées, de faux enregistrements vidéos ou audios, font peser sur la démocratie. Mais ils ignorent souvent un danger moins visible : celui que représente l’automatisation croissante des processus de décision dont les conséquences peuvent gravement affecter la vie de chacun⋅e d’entre nous. L’IA est déjà utilisée pour accepter ou refuser un prêt bancaire, sélectionner ou éliminer automatiquement des candidats à un emploi. Le secteur public recourt aussi à l’analyse automatisée des dossiers : pour l’octroi de prestations sociales, l’administration de la justice, voire l’évaluation des risques de récidive d’un condamné pour décider ou non d’une libération conditionnelle. Or des biais dans les bases de données engendrent des discriminations raciales ou genrées. À cause de failles dans les systèmes, des personnes se voient refuser une prestation sociale, le droit de prendre l’avion, un titre administratif (carte d’identité, de séjour) auquel ils ont droit, sans explication ni recours : « votre dossier ne passe pas » dit l’agent, dont le jugement est désormais délégué à des intelligences censées être plus objectives. Les failles et l’opacité des algorithmes ouvrent la voie à un nouvel arbitraire, sans sujet ni intention. Le monde de Kafka n’est pas loin.
Autant d’exemples qui montrent comment l’IA reconfigure les rapports entre technique, justice et liberté, trois notions au programme de toutes les classes. Nous pourrions saisir cette occasion pour montrer aux élèves que la philosophie aide à penser les problèmes de son temps mais aussi pour renouveler notre approche de ces notions à la lumière de ces nouveaux enjeux.
Nous aborderons ces problèmes lors de la conférence de la 2ème journée. Camille Girard-Chanudet, docteure en sociologie au Centre d’Étude des Mouvements Sociaux de l’EHESS, évoquera les questions liées au travail de conception et à l’usage de l’IA dans nos sociétés, à travers un exemple concret : les algorithmes d’apprentissage automatique développés dans le domaine de la justice.
3. Usages didactiques de l’IA : contrainte, duperie ou opportunité ?
L’I.A outil. Le monde enseignant a d’abord découvert l’IA par le pire : son utilisation par les élèves ou les étudiant⋅e⋅s pour faire leurs devoirs et tricher. Mais l’hostilité à l’IA cède peu à peu la place à la curiosité, voire un intérêt. Et si ChatGPT pouvait nous aider dans notre travail ? Par exemple, à faire le plan d’un cours, sa description ou son résumé, à créer des QCM ou des questions sur un texte, à générer des exercices. Et, rêve ou cauchemar, à corriger les copies ?
L’IA, pour renouveler l’enseignement. Le fait que les IA génératrices de texte produisent des imitations tout à fait convaincantes d’une dissertation philosophique traditionnelle ne devrait-il pas nous questionner sur la pertinence de cet exercice ? Ne devrions-nous pas réorienter nos exercices canoniques pour qu’ils ne soient plus aussi facilement confondables avec le baratin d’un chatGPT ? L’IA pourrait être l’occasion de repenser le format ou la nature des productions demandées aux élèves, de pratiquer l’écriture ou la lecture de textes philosophiques. Il s’agirait moins, alors, de diaboliser l’outil que d’apprendre à l’utiliser honnêtement et intelligemment, comme le font déjà certain⋅e⋅s enseignant⋅e⋅s ; à en percevoir aussi les limites, les dangers et les dérives.
Aucune de ces questions n’est taboue à l’ACIREPh. Elles auront leur place, notamment dans certains ateliers sur des expériences faites par des collègues, partagées et soumises à la discussion.
PROGRAMME DES JOURNÉES D’ÉTUDE
JEUDI 7 NOVEMBRE 2024
9H – Accueil
9H30 – Allocution d’ouverture. Présentation des journées
10h – 12H – Conférence-débat : Bernard VICTORRI, directeur de recherche au CNRS : L’Intelligence Artificielle : comment ça marche ?
14H – 15H30 – ATELIERS au choix
15H45 – 17H15 – ATELIERS au choix
VENDREDI 8 NOVEMBRE 2024
9H – Accueil
10H – 12H – Conférence-débat : Camille GIRARD-CHANUDET, Centre d’Étude des Mouvements Sociaux de l’EHESS : Perspectives sur la justice algorithmique
14H – 15H30 – ATELIERS au choix
15H45 – 17H15 – Mise en commun et bilan des journées
ATELIERS animés par des professeur⋅e⋅s de philosophie
► Dissertation et Chat GPT
► Écrire avec l’IA
► Trois applications du web pour l’enseignement de la philosophie
► Le procès d’une voiture autonome
► Arpentage : Schizophrénie numérique d’Anne Alombert
► IA et Arts / IA et amitié (sous réserve)
► Jouons avec des neurones (atelier avec ordinateur personnel recommandé)
► Comité d’éthique sur l’IA
NB : Ces journées sont déclarées comme stage de formation syndicale, cette année en partenariat avec la CGT Éduc’action.
La formation sur le temps de travail est un droit pour tous les personnels de l’Éducation nationale, syndiqués ou non. Il suffit d’adresser à votre Rectorat une demande de congé pour formation syndicale AVANT LE 7 OCTOBRE 2024 (modèle de lettre téléchargeable ci-dessous).