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Lettre au Directeur général de l’enseignement scolaire

mardi 24 mai 2022, par Acireph

À l’attention de M. Édouard Geffray, Directeur général de l’enseignement scolaire

Monsieur,

Association représentative des professeurs de philosophie, l’ACIREPh s’était exprimée à l’occasion de la session 2021 du baccalauréat contre l’imposition sans concertation des copies numérisées pour la correction de l’épreuve de philosophie du baccalauréat, en raison de la charge de travail supplémentaire induite par ce fonctionnement pour les personnels administratifs, de son coût écologique injustifiable et documenté, et de la dégradation des conditions de correction qu’il entraîne pour les correcteurs, dont il n’est pas rare qu’ils aient en charge 150 copies voire davantage.

Lors de la session 2021 du baccalauréat, comme lors de l’actuelle correction de l’épreuve de la spécialité « Humanité, littérature, philosophie » pour cette session 2022, les professeurs de philosophie ont pu découvrir les multiples implications du logiciel « Santorin » :
– des Rectorats et des personnels de secrétariat et de direction débordés ; des convocations très tardives ;
– de très nombreux dysfonctionnements dans le scannage des copies (copies mélangées, levée de l’anonymat, mauvais lots attribués puis retirés, etc.) ;
– des retards dans l’attribution des lots aux correcteurs, puis de nouveaux lots de copies attribués plusieurs jours après le début de la période de correction.

Surtout, il est à présent avéré que le logiciel Santorin rend possible une surveillance et un contrôle à distance des correcteurs. Les « coordonnateurs » choisis par l’Inspection ont ainsi découvert qu’ils pouvaient :
– suivre en temps réel l’avancement de la correction de leurs collègues ;
– classer leurs collègues en fonction de leurs moyennes ou de l’avancement de leur correction ;
– réaffecter et redistribuer des copies à d’autres correcteurs.

Le logiciel propose également la possibilité d’harmoniser des lots de copies (minorer ou majorer), sans que les correcteurs ni les coordonnateurs n’aient eu connaissance des critères d’après lesquels cette harmonisation pouvait être effectuée, aucune communication n’ayant été faite à ce sujet.

Dans plusieurs académies, des collègues qui avaient pourtant été autorisés à corriger hors ligne en téléchargeant l’ensemble de leur lot de copies, ont reçu des courriels des services académiques leur indiquant que l’avancement de leurs corrections était inexistant et que les copies non corrigées sur « Santorin » pouvaient être réattribuées.

Enfin, il est prévu que des commissions composées de seulement quelques collègues et des IA-IPR se réunissent après la date de rentrée des notes afin d’« harmoniser » les notes attribuées par les correcteurs, selon des critères inconnus et dans une complète opacité, sans qu’aucun compte n’en soit rendu.

Monsieur le directeur général, compte-tenu de ces constats et de ce qu’ils impliquent, tant sur les conditions de travail des correcteurs, que sur l’équité de l’évaluation des candidats, l’ACIREPh vous prie de bien vouloir donner suite aux demandes suivantes émanant des professeurs de philosophie qu’elle représente :

 que les copies originales de l’épreuve de philosophie soient fournies aux correcteurs du baccalauréat qui en font la demande ;

 que les correcteurs participent aux jurys d’harmonisation correspondant à leur lot de copies et soient seuls autorisés à modifier les notes qu’ils ont attribuées.

Avec l’assurance de la considération que vous porterez à ces demandes, je vous prie, Monsieur le directeur général de l’enseignement scolaire, de recevoir mes meilleures salutations.

Guillaume Durieux

Président de l’ACIREPh