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Propositions du GREPH pour les séries techniques

Le GREPH, acteur très important des débats, ne serait-ce que par sa proximité avec Jacques Derrida qui l’avait fondé en 1975, expose dans ce texte ses propositions pour l’enseignement de la philosophie dans les séries techniques. Il est bien le seul a l’époque à s’en soucier, l’APPEP n’ayant jamais proposé quoi que ce soit de précis hormis la revendication de 4 heures par classe qu’elle savait ne pouvoir obtenir dans ces séries.

lundi 18 juin 1990, par Acireph, Serge Cospérec

GREPH

groupe de recherches sur l’enseignement philosophique

Groupe de travail sur l’enseignement dans les Lycées techniques.

 

1. Le Rapport Bouveresse-Derrida constitue une base de travail désormais fondamentale.

Si certaines des propositions avancées sont éminemment discutables (selon d’ailleurs le vœu même des auteurs du Rapport...), la description de la situation et l’exposé des motifs et desprincipes ne peuvent être sérieusement contestés.

2. Le GREPH se plait à constater que, sur la plupart des points essentiels, ce Rapport prend positivement en compte les thèses et propositions élaborées et défendues, comme on sait, dans ses Groupes de travail, depuis une quinzaine d’années.

 A savoir :

EXTENSION DE L’ENSEIGNEMENT.

Nécessité d’une extension de l’enseignement philosophique, en amont’ et en ’aval’ de la Terminale (relativisation, par conséquent, du ’rôle irremplaçable’ de la Terminale A...).

 

MORALISATION DE L’EPREUVE.

Nécessite d’une moralisation de l’épreuve de philosophie au baccalauréat. C’est une scandaleuse ’loterie’, favorisant honteusement l’exploitation mercantile du désarroi des candidats par une véritable industrie du bachotage.

Les remèdes proposés

a) Spécification, annuelle et académique, de la partie du programme général sur laquelle porterait plus précisément l’épreuve dissertation ou étude de texte).

(Avec pour conséquence la possibilité pour les candidats de préparer sérieusementl’examen et... l’obstacle à la vente au titre de la ’préparation au Bac’ de l’année suivante des Annales ’corrigées’...).

b) Relativisation du ’rôle irremplaçable de la Dissertation’. (Au profit de l’invention et du développement d’autres exercices, notamment de l’étude de texte - qui ne saurait être ramenée à la ’dissertation’ comme le préconisent les conservateurs).

Contrairement à ce que prétendent les conservateurs, cette moralisation de l’épreuve ne remet nullement en cause le caractère national du baccalauréat (ou alors, il faudrait instituer un sujet national unique) et l’équivalence des diplômes. Bien au contraire, la concertationproposée entre enseignants pour la détermination annuelle, académique, de la spécification du programme pour l’examen ne peut que normaliser l’épreuve à cet égard et faire échec aux aberrations que l’on constate actuellement dans le choix de certains sujets.

Et elle ne porte aucunement atteinte à la ’liberté’ du Professeur, en ce qui concerne l’élaboration de son ’cours’ (sauf à admettre que ce ’cours’ se réduirait au bachotage de l’épreuve à partir des Annales du Baccalauréat..).

 

INSTITUTION DE TRAVAUX DIRIGES.

Nécessité d’une relativisation du ’rôle irremplaçable’ du Cours Magistral (la ’leçon de Philosophie..’), au profit de l’institution de travaux dirigés, par demi-classe.

Mesure indispensable en sections techniques et scientifiques, mais qui pourrait avantageusement être étendue aux sections A et B.

 

L’INSTITUTION DE TRAVAUX PRATIQUES HEBDOMADAIRES EN PHILOSOPHIE EST UNE MESURE INDISPENSABLE EN SECTIONS TECHNIQUES.

S’il est un secteur du champ scolaire où s’impose impérativement la nécessité pédagogique de l’institution de ’travaux pratiques’, c’est bien celui de l’enseignement philosophique en sections techniques.

D’une part, en effet, il est unanimement reconnu que l’horaire actuellement en vigueur de seulement deux heures hebdomadaires en terminales est absolument insuffisant, et ne permet, ni de former authentiquement les élèves à et par la culture philosophique, ni même de les préparer méthodiquement à réussir seulement ’passablement’ aux épreuves de l’examen.

Mais d’autre part, force est bien d’admettre qu’il est totalement impossible d’ajouter des heures de ’cours’ pour les élèves de ces sections, déjà insupportablement surchargés.

Dans ces conditions, le slogan ’Pas plus de quatre classes pour le Professeur de Philosophie ET pas moins de quatre heures hebdomadaires pour les élèves’ ou bien est un ’vœu pieux’, ou bien manifeste le souhait inavoué de la suppression pure et simple de l’enseignement philosophique dans les sections techniques (voire, au moins dans le système actuellement institué, dans les sections scientifiques, puisque les seules classes répondant à la seconde condition sont les terminales A et B...)

La seule solution institutionnelle, pour surmonter la contradiction inhérente à la conjonction de ces deux impossibilités, c’est le remplacement d’une heure de ’cours’ par une heure (et, si possible, une heure et demie) de ’travaux pratiques’ par demi-classe.

Ce qui ferait, au total et quantitativement parlant, deux heures (ou deux heures et demie) de travail hebdomadaire pour les élèves, et trois heures (voire quatre) par classe pour le professeur.

Deux remarques

 Il est évident que la formule pourrait être avantageusement généralisée au profit de l’enseignement philosophique en toutes sections. Ainsi, par exemple, en terminales C, D, ou E, avec deux heures de ’cours’ et une heure (ou une heure et demie) de ’travaux pratiques’ (en classe dédoublée), cela ferait un total de trois heures (ou trois heures et demie) de charge horaire hebdomadaire pour les élèves, et quatre heures (voire cinq heures) pour le professeur. Et quant à la terminale A, on pourrait y envisager cinq heures de ’cours’ et une heure et demie de ’travaux pratiques’ (en demi-classe, donc, six heures et demie pour les élèves et toujours ’ses’ huit heures pour le prof de philo.

 Cela ne saurait dispenser d’envisager l’institution de l’enseignement philosophique, en toutes sections, à partir de la classe de seconde. Avec, bien entendu, là aussi, des ’travaux pratiques’.

Mais cette mesure nécessaire restera insuffisante, si elle ne s’accompagne pas de l’extension.

Deux heures ou deux heures et demie de travail hebdomadaire pour les élèves, même si cela fait trois heures (voire quatre) pour le professeur, ne saurait suffire à donner à l’enseignement philosophique la place qui lui revient.

 

L’EXTENSION EST UN IMPÉRATIF. C’est une condition absolue.

POUR LES SECTIONS TECHNIQUES, donc :

Travaux dirigés au moins une heure par demi-classe.

Extension, au moins en Première.

Institution d’une épreuve orale (de ’second groupe’), obligatoire, avec soutenance de dossier.

Maintien, au premier groupe, d’une épreuve écrite : l’étude de texte, guidée par un questionnaire méthodique, comme actuellement, devrait avoir la première place. Donc,deux textes et une seule ’dissertation’...).

F.G. (1990) [NDLR : F.G. = Francis Godet, secrétaire du GREPH]