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Communiqué sur l’accès à l’enseignement supérieur

dimanche 15 avril 2018, par Acireph

L’ACIREPh affirme le caractère républicain et démocratique de l’école, de la maternelle à l’université. Pour cette raison, elle s’élève contre la loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants (ORE) et critique les modifications qu’apporte le dispositif Parcoursup dans l’accès des bacheliers à l’enseignement supérieur.

Les fiches avenir ne demandent plus seulement aux enseignants de Terminale de se prononcer sur les résultats scolaires passés de leurs élèves, mais de se livrer à des pronostics sur leurs « capacités à réussir » et d’autres compétences transversales qui concernent un avenir par définition imprédictible. L’ACIREPh juge illégitime parce qu’impossible cette procédure qui va au-delà du rôle de conseil des professeurs et demande que l’on s’en tienne au bilan des résultats scolaires des élèves.

Les fiches avenir demandent en outre aux conseils de classe et in fine aux chefs d’établissement de juger de la « cohérence » des vœux des élèves, relativement notamment à leur filière. Dans les conditions actuelles de l’orientation en fin de Seconde, l’ACIREPh exprime son opposition à cette limitation trop précoce des possibilités laissées aux élèves, quand il semble naturel d’offrir à notre jeunesse une formation aussi générale que possible aussi longtemps que possible. Le lycée n’a pas pour vocation de former des spécialistes, ni d’adapter les lycéens aux exigences du marché du travail, mais bien de former des citoyens éclairés, capables de prendre des décisions et d’exprimer des points de vue argumentés. Telle est la condition d’une véritable démocratie. Avoir le droit de choisir son orientation, ses études et sa vie, suppose de recevoir une solide formation générale, une culture commune qui donne réellement aux lycéens les moyens de l’hésitation et de la recherche de leur propre voie. Les inciter si précocement à se spécialiser revient à accentuer la pression déjà existante, qui pousse les élèves dès la classe de Seconde, alors qu’ils n’ont que 15 ans, à décider de leur avenir. Cela n’est ni réaliste, ni raisonnable, ni souhaitable.

Le traitement des candidatures laisse chaque formation de l’enseignement supérieur libre d’introduire des pondérations en fonction de critères connus d’elle seule. L’ACIREPh condamne un tel système qui organise l’opacité des critères réels d’admission dans les formations et empêche donc les élèves de les connaître au moment où ils effectuent leurs choix. En outre, l’égalité de traitement sera rompue dès lors que pour une même formation, des établissements différents pourront sélectionner leurs étudiants sur des critères à géométrie variable. Enfin, la loi ORE autorise la prise en compte dans les algorithmes locaux de chaque formation d’une pondération portant sur le lycée d’origine des candidats. L’ACIREPh dénonce cette rupture inédite et flagrante de l’égalité républicaine.

L’ACIREPh rappelle que la vocation de l’enseignement supérieur n’est pas seulement ni d’abord l’insertion professionnelle des étudiants dans un bassin d’emploi déterminé. Pour cette raison, elle s’oppose à la détermination des capacités d’accueil de chaque formation universitaire par ses supposées perspectives d’insertion professionnelle. Un tel dispositif ne peut que nuire à la créativité, à la recherche et à l’innovation.

Parcoursup occulte le problème absolument prioritaire de l’enseignement supérieur en France : le manque de moyens alloués aux formations universitaires, qui accueillent pourtant l’essentiel des enfants de la démocratisation scolaire. Dans le même temps, le circuit parallèle des grandes écoles bénéficie de moyens considérables réservés dans les faits à une minorité d’étudiants. L’ACIREPh condamne cette répartition inéquitable des moyens que la République consacre à l’enseignement supérieur.