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Rencontre avec la DGESCO : projets de programmes et futures épreuves du baccalauréat

Compte-rendu de la rencontre du 18 juin 2019 entre l’ACIREPh et la DGESCO

jeudi 20 juin 2019, par Acireph

Dans le cadre de la consultation sur les projets de programmes de Terminale, l’ACIREPh est reçue le 18 juin par la DGESCO.

Étaient présents :

 pour la DGESCO, Muriel Grébert, chargée d’études au bureau des contenus d’enseignement et des ressources pédagogiques, Mathieu Monthéard, chef du bureau des formations générales et technologiques, et David Muller, chef du bureau des contenus d’enseignement et des ressources pédagogiques ;

 pour l’ACIREPh : Frédéric Le Plaine, président, et Sarah Margairaz, membre du C.A., référente de la commission chargée des nouvelles épreuves de baccalauréat.

Nos interlocuteurs nous demandent d’abord d’exprimer nos positions et propositions sur les projets de programmes de philosophie pour le tronc commun des futures classes de Terminale générale et technologique.

La nécessité d’effectifs réduits dans la voie technologique

Nous commençons par rappeler le caractère d’impérative nécessité du rétablissement d’au moins une heure hebdomadaire en classe dédoublée ou en effectif réduit (inférieur à 24 élèves) dans la voie technologique.

Nous rappelons que le dédoublement d’une heure avait été accordé en 1994, dans le but d’améliorer les conditions de l’enseignement de la philosophie, et cela tant pour les élèves que pour les professeurs. Pour les élèves les travaux dirigés en demi-classe devaient permettre de les aider plus efficacement grâce à des exercices gradués, à une aide méthodologique, à des pratiques sollicitant davantage leur participation et leur activité (ce qui est le plus souvent impossible en classe entière). Pour les professeurs, les classes à deux heures aux effectifs dépassant souvent la trentaine conduisent à des charges de travail insupportables, et en vérité, à l’impossibilité de tout travail réellement sérieux.

Nous rappelons également à nos interlocuteurs que, par-delà les désaccords entre associations de professeurs et organisations syndicales, cette revendication d’une heure hebdomadaire en classe dédoublée fait l’unanimité. Elle concerne les conditions matérielle de possibilité d’un enseignement de la philosophie auprès des élèves de la voie technologique. Ceux-ci ont en effet un rapport à la langue, notamment à l’écrit, qui nécessite un accompagnement plus étroit, si l’on veut que leur seule année de philosophie, déjà réduite à deux heures par semaine, soit réellement formatrice. Au-delà des conditions de travail des professeurs, il s’agit de leur donner les moyens d’une véritable démocratisation de la philosophie.

C’est pourquoi nous ne pouvons nous satisfaire de la réponse adressée par le cabinet du Ministre à l’ACIREPh, renvoyant cette question des heures en classe dédoublée à l’autonomie des établissements.

Nous demandons donc à nos interlocuteurs d’inscrire dans le texte définitif des futurs programmes la nécessité d’au moins une heure hebdomadaire consacrée aux travaux dirigés, en classe dédoublée ou en demi-groupe, afin que les professeurs puissent prendre appui, dans leur établissement, sur un texte à valeur réglementaire.

Programmes de tronc commun

Nous poursuivons en indiquant à nos interlocuteurs notre souci constant du caractère scolaire de la philosophie au lycée, qui doit assumer les règles d’un véritable programme, et celles d’une évaluation qui rende justice au travail des élèves. Ces deux questions sont inséparables, car si aujourd’hui les sujets d’examen peuvent concerner n’importe quel angle problématique d’une notion, et n’importe quel croisement entre notions, s’ils ne peuvent donc jamais garantir à l’élève sérieux ayant travaillé de mobiliser des connaissances pertinentes pour y répondre, c’est d’abord parce que les actuels programmes de notions ne délimitent ni ne déterminent aucune frontière entre ce qui est au programme et ce qui ne l’est pas.

Dans ces conditions, nous faisons à la DGESCO une demande simple : que les programmes jouent leur rôle de programmes.

Par conséquent, nous exprimons notre désaccord avec les projets de programmes du Conseil supérieur des programmes. Nous rappelons à nos interlocuteurs les principales raisons pour lesquelles ces projets sont des non-programmes, sans la moindre structure ni limitation, autorisant toutes les dimensions d’une notion et tous les croisements entre notions. Une simple liste alphabétique n’est pas un programme et serait, dans toute autre discipline, accueillie avec incrédulité ou dérision et immédiatement désavouée avec toute la vigueur du bon sens.

Nous rappelons en outre que ces projets de programme témoignent d’une dérive autoritaire inquiétante de la part du Conseil supérieur des programmes, qui a rayé d’un trait de plume le résultat d’une année de travail d’un groupe d’experts. L’avant-projet du GEPP, certes imparfait, avait le mérite de s’efforcer timidement de limiter l’étendue possible des sujets d’examen par la structuration en domaines (métaphysique, épistémologie, morale et politique, anthropologie).

Afin d’accompagner nos remarques critiques de propositions alternatives réalistes, nous présentons à la DGESCO, par ordre décroissant de préférence :

 ce que serait pour l’ACIREPh un véritable programme, centré non sur des notions aux dimensions trop variées, mais sur des problèmes, éventuellement tournant ;

Programme de problèmes

 une amélioration de l’avant-projet du GEPP, qui délimite mieux les sujets d’examen par le couplage contraignant des notions et l’association des repères aux domaines d’étude ;

Programme par domaines, repères associés et notions couplées

 une version tournante des projets de programmes du Conseil supérieur des programmes, permettant de réduire drastiquement le nombre des notions à étudier chaque année (7 en voie générale, 4 en voie technologique).

Programme tournant

Futures épreuves du baccalauréat

Dans la voie technologique

Nous rappelons à nos interlocuteurs que la DGESCO ainsi que l’Inspection générale de philosophie ne nous ont pas associés à la commission de suivi des nouveaux formats d’épreuve en STHR, contrairement à l’engagement qui avait été pris lors de la consultation initiale. L’ACIREPh le regrette. Le bilan de la première session de la mise en œuvre de ces sujets, lors du baccalauréat 2018, doit être rendu public, pour connaître les effets de ces nouvelles épreuves d’une part sur le travail mené avec les élèves dans les classes tout au long de l’année scolaire, et d’autre part sur les copies des candidats de la série STHR au baccalauréat.

L’ACIREPh réitère sa demande d’une consultation sincère de l’ensemble de la profession sur l’éventualité d’une extension de ces nouvelles épreuves à l’ensemble du baccalauréat technologique.

L’ACIREPh exprime à nouveau, avec une large majorité des professeurs de philosophie, la nécessité d’une transformation de l’épreuve de philosophie au baccalauréat technologique. Les attendus doivent être explicités afin que l’évaluation soit plus exigeante, plus juste et récompense mieux le travail accompli par les élèves pendant leur année scolaire. Le sentiment généralisé d’une loterie, et d’une discipline dans laquelle il est inutile de travailler, doit cesser, tant il décourage les élèves et décrédibilise la philosophie auprès d’eux.

Quant à l’éventualité d’une extension des formats d’épreuve « STHR » à l’ensemble de la voie technologique, l’ACIREPh :

 rappelle que ces nouveaux formats ne correspondent pas aux principes auxquels notre réflexion collective avait abouti. En effet, préparer trois types de sujets, compte-tenu du volume horaire en séries technologique, semble impossible. C’est pourquoi l’ACIREPh demande que la future épreuve de philosophie du baccalauréat technologique restreigne le nombre de types de sujets au choix.

 reconnaît que la nouvelle structuration des sujets 2 et 3 (composition et explication de texte) guide davantage le candidat pour satisfaire aux exigences d’une épreuve de 4 heures qu’actuellement bon nombre de candidats ont terminé au bout d’une heure et demi. Pour autant, la nature des questions posées, tant dans les sujets-zéro publiés à l’automne 2017 que dans le sujet de la session 2018, est largement perfectible à plusieurs titres, en particulier dans leur rapport avec le programme (notamment avec les repères). On pourrait aussi mentionner leur caractère parfois énigmatique, les liens qu’elles entretiennent entre elles, qui peuvent dérouter les candidats au lieu de les guider. C’est pourquoi l’ACIREPh demande une simplification des questions des groupements [A] et [B], ainsi que la réunion des groupements [C] et [D] pour la composition. La dernière partie, qu’il s’agisse de la composition ou de l’explication de texte, doit clarifier les exigences et demander explicitement un nombre restreint d’arguments, d’objections et de réponses, car tels sont les savoirs-faire attendus d’une réflexion critique.

 demande que soit indiquée la longueur attendue (entre 200 et 300 mots, par exemple) pour chaque groupement de questions.

 demande, pour l’explication de texte, des textes abordables et des notes de vocabulaire plus nombreuses, qui tiennent compte de l’actuelle maîtrise de la langue d’un bon nombre de candidats ; ainsi que l’adjonction d’une numérotation des lignes du texte (à côté du texte, et dans les questions qui s’y réfèrent).

 demande la publication annuelle d’un rapport de l’Inspection sur les copies de baccalauréat, qui permette de clarifier et d’encadrer les normes de l’évaluation.

À ces conditions, l’ACIREPh est favorable à une extension des formats d’épreuve STHR à l’ensemble du baccalauréat technologique.

Nous présentons à nos interlocuteurs une illustration de ce que pourraient être des sujets de composition et d’explication de texte, amendés conformément aux conditions que nous avons posées.

Exemples de sujets pour les nouveaux formats de composition et d’explication de texte

Dans la voie générale

Concernant les futures épreuves de la voie générale, l’ACIREPh rappelle qu’il n’y a pas de différence de nature, mais seulement de degré, entre les difficultés de l’évaluation dans les voies générale et technologique. La nécessité d’épreuves plus justes et plus claires quant à leurs attendus vaut donc également pour le baccalauréat général.

L’ACIREPh s’oppose au principe d’une dissertation accompagnée d’un corpus de textes. Une telle solution ne ferait que multiplier les difficultés pour des élèves déjà dépassés par les obstacles d’ordre linguistique ou culturel.

Considérant l’extrême disparité entre les candidats de la voie générale, l’ACIREPh demande que soit maintenu un choix entre trois types de sujets à l’épreuve de philosophie, en conservant une dissertation et en remplaçant le second sujet par une composition, aux conditions précédentes, et le troisième sujet par une explication de texte guidée par des questions. La possibilité peut être laissée aux candidats de traiter le sujet de composition comme une dissertation, et le sujet d’explication de texte sans répondre séparément aux questions, afin d’assurer une continuité dans l’enseignement de la méthode et de laisser aux enseignants le temps de se familiariser avec les nouveaux formats.

Nos interlocuteurs prennent note de nos propositions et nous remercient pour notre participation à cette rencontre.