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Communiqué sur le projet de nouvelles épreuves du baccalauréat

Notre position sur les nouvelles épreuves du bac philo

dimanche 20 octobre 2019, par Acireph

Éléments de contexte

Le Ministère a consulté les organisations syndicales le 11 septembre 2019 sur les projets de futures épreuves de philosophie du baccalauréat. L’ACIREPh avait eu l’occasion d’exposer à la DGESCO ses propositions en juin 2019 : on les retrouvera ici. Cependant, ni les associations de professeurs, ni les professeurs eux-mêmes ne sont consultés sur les projets en cours.

L’ACIREPh demande depuis près de vingt ans que soient transformés les programmes et les épreuves de philosophie du baccalauréat, notamment et prioritairement dans les séries technologiques. L’enquête menée par l’ACIREPh en 2015 en collaboration avec le SNES auprès de plus de quatre-cent professeurs de philosophie témoignait d’un large consensus des collègues (plus de 80%) en faveur d’une transformation des épreuves du baccalauréat dans les séries technologiques (aménagement, enrichissement, voire remplacement).

Pour autant, ces projets de nouvelles épreuves du baccalauréat permettront-ils d’évaluer plus justement le travail des élèves ? Seront-ils de nature à relever le défi de la démocratisation de la philosophie au lycée ? Permettront-ils de mieux former les élèves à l’analyse critique et à l’argumentation rationnelle ?

-Pour le baccalauréat général

Le projet prévoit :

 - de conserver à l’identique les sujets n°1 et n°3 (dissertation et explication de texte) ;

 - de remplacer le sujet n°2 par une dissertation accompagnée d’un petit nombre de textes de longueur raisonnable.

-Pour le baccalauréat technologique

Le projet prévoit :

 - de réduire le nombre de sujets au choix à 2 (au lieu de 3 actuellement) ;

 - un premier sujet de dissertation accompagnée de questions correspondant aux étapes suivantes :
_ A - « Analyse du sujet » ;
_ B - « Position du problème » ;
_ C - « Développement argumenté ».

Ce premier sujet pourra être traité en répondant aux questions, ou bien comme une dissertation classique, au choix du candidat.

 - un second sujet d’explication de texte accompagné d’une série de questions correspondant aux étapes suivantes :
_ A - Éléments d’analyse ;
_ B - Éléments de synthèse ;
_ C - Commentaire.

 Aucun barème ni aucune longueur attendue ne sont indiqués pour les trois groupements de questions.

Positions et demandes de l’ACIREPh

Si elle salue la volonté du ministère de renouveler des épreuves qui ne permettent actuellement pas d’évaluer correctement le travail et la formation philosophique des élèves, l’ACIREPh demande préalablement qu’une consultation de l’ensemble de la profession soit organisée. L’échéance de la session 2021 du baccalauréat n’imposait pas une telle précipitation dans la définition des épreuves. Or, il n’est pas concevable que les futures épreuves d’un examen national soient renouvelées sans y associer celles et ceux qui auront réellement en charge la préparation des futurs candidats. L’ACIREPh demande à être reçue par la DGESCO en tant qu’association représentative des professeurs de philosophie, conformément à l’engagement qui avait été pris en juin 2019.

Après avoir recueilli l’avis de ses adhérents, l’ACIREPh exprime les positions et demandes suivantes :

-Pour le baccalauréat général

Comme elle l’avait déjà indiqué à la DGESCO, l’ACIREPh exprime ses plus vives réserves quant à l’introduction d’une dissertation accompagnée d’un corpus de textes en second sujet. Bien que les textes accompagnant cette dissertation puissent remédier partiellement à l’effet « loterie » d’un sujet potentiellement éloigné du cours suivi par le candidat, cette nouvelle épreuve présente en effet un certain nombre de défauts d’ores et déjà identifiables :

 elle multipliera les difficultés pour les candidats, qui devront, non seulement élaborer une réflexion structurée, mais en outre comprendre et mobiliser à bon escient des textes pour les intégrer à cette réflexion ; au risque classique du « hors-sujet » viendra donc s’ajouter celui des contre-sens ;

 elle alourdira la charge, déjà conséquente, de l’enseignement de la méthode dans les classes, en ajoutant un nouveau format d’épreuve à la dissertation et à l’explication de texte ;

 elle consacrera l’image de la dissertation comme dialogue au sommet entre paraphrases d’auteurs couronnés, au détriment d’autres opérations intellectuelles plus rationnelles reposant sur la formulation d’arguments et d’objections pertinentes.

Si le projet d’introduction de cette dissertation accompagnée d’un corpus de textes est maintenu, malgré les critiques dont il fait l’objet, l’ACIREPh demande a minima qu’une phase d’expérimentation soit menée, et qu’un bilan public en soit dressé, associant les associations représentatives et les professeurs eux-mêmes.

Considérant l’extrême disparité entre les candidats de la voie générale, l’ACIREPh demande que soit maintenu un choix entre trois types de sujets à l’épreuve de philosophie, en conservant une dissertation et en remplaçant le second sujet par une dissertation guidée, aux conditions indiquées ci-dessous, et le troisième sujet par une explication de texte guidée par des questions. La possibilité peut être laissée aux candidats de traiter le second sujet de dissertation et le sujet d’explication de texte sans répondre séparément aux questions, afin d’assurer une continuité dans l’enseignement de la méthode et de laisser aux enseignants le temps de se familiariser avec les nouveaux formats.

-Pour le baccalauréat technologique

L’ACIREPh approuve l’extension de la dissertation guidée et de l’explication de texte guidée à l’ensemble de la voie technologique, aux conditions suivantes :

 une simplification des questions des groupements [A] et [B], s’appuyant plus clairement sur des éléments du programme, notamment des distinctions conceptuelles (repères). La dernière partie [C], qu’il s’agisse de la dissertation ou de l’explication de texte, doit clarifier les exigences et demander explicitement un nombre restreint d’arguments, d’objections et de réponses, car tels sont les savoirs-faire attendus d’une réflexion critique ;

 que soit indiquée la longueur attendue (entre 200 et 300 mots, par exemple) pour chaque groupement de questions ;

 pour l’explication de texte, des textes abordables et des notes de vocabulaire plus nombreuses, qui tiennent compte de l’actuelle maîtrise de la langue d’un bon nombre de candidats ; ainsi que l’adjonction d’une numérotation des lignes du texte (à côté du texte, et dans les questions qui s’y réfèrent).

Voir, en document annexe, une illustration de formats de sujets conformes à ces conditions.

L’ACIREPh s’oppose à la réduction du nombre de sujets (de 3 à 2), car elle aura nécessairement pour effet d’accentuer l’effet « loterie » de l’examen par rapport au cours dispensé durant l’année. En outre, cette réduction ne semble pas justifiée par le souci affiché de ne pas alourdir la charge de l’enseignement de la méthode en proposant trois formats différents, puisque la possibilité est toujours donnée aux candidats de traiter la dissertation guidée sans répondre séparément aux questions, c’est-à-dire comme une dissertation classique. L’ACIREPh demande donc que soit maintenu un choix entre trois sujets, avec deux sujets de dissertation guidée.