ACIREPh

La guerre des Programmes, 1975-2005

Documents rassemblés par S. Cospérec

Observations du Bureau national de l'Association des Professeurs de Philosophie de l'enseignement public sur l'avant projet de programme

Le Bureau national approuve entièrement l'organisation générale en un programme de notions et un programme d'auteurs. Il s'interroge sur l'opportunité de la suppression des « questions au choix » qui laissaient aux professeurs et aux élèves des possibilités intéressantes.

 

Il approuve la précision que le professeur n'est pas tenu par l'ordre de présentation des notions (ce qui ne veut pas dire qu'il ne doit pas y en avoir). Mais il regrette vivement la disparition de la mise en garde qui précisait que les notions ne sont pas des titres de chapitres successifs.

D'autre part le Bureau préfère de beaucoup l'expression de « formation du jugement », à celle, trop ambiguë, « d'élaboration d'une réflexion personnelle ». Et quelle est la portée de l'expression « problèmes de philosophie concernant l'expérience humaine » ?

 

Sans entrer dans le détail de la liste des notions, le Bureau national juge inquiétante la cure d'amaigrissement imposée à ce programme. Non seulement le nombre des notions a sans doute été abusivement diminué, mais elles sont présentées sans sous-titres, sans principe d'ordre apparent qui les déterminent quelque peu. De plus elles ont été réduites, systématiquement, à un seul mot (par exemple la connaissance du vivant devient très vaguement le vivant).

 

Le Bureau national en redoute les conséquences :

 

- Des prétextes vont être donnés à ceux qui voudront remettre en cause nos horaires.

 

- Le rôle d'un programme est de donner à tous, élèves et parents, des indications aussi claires et précises que possible sur le contenu de notre enseignement. Or une telle liste, sans structure ni consistance, qui ne comporte pas même les notions que le professeur devra de toute façon traiter, ne peut pas jouer ce rôle. Rappelons que la liberté philosophique du professeur porte sur le choix des références, des argumentations et des conclusions, mais qu'elle ne se trouvera pas une garantie dans le flou du programme.

 

- Le rapport entre une telle liste de notions et les sujets d'examen, deviendra encore plus indéterminé qu'il ne l'est déjà [sic !]. Le risque est que soit renforcé chez les candidats le sentiment décourageant qu'en philosophie, ils ne savent jamais sur quoi ils peuvent (ou ne peuvent pas) s'attendre à être interrogés.

 

- Enfin le Bureau national est frappé par le contraste entre la réduction de la liste des notions et l'allongement de celle des auteurs. Que faut-il comprendre quand l'adjonction de Schopenhauer coïncide avec la disparition de la notion de volonté ? Ou quand Durkheim est introduit au moment même où la notion de société est supprimée ?

 

Le Bureau national souhaite un programme de notions plus équilibré, mieux structuré, davantage déterminé, — ce qui n'est pas incompatible avec la liberté philosophique de chacun, et ce qui permettra de répondre aux accusations de rhétorique qui nous sont actuellement adressées.

 

Paris, le 1er février 1997.